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"Tu es Cela - Plus proche que proche - Déjà là"

Approches de la méditation : Concentration et méditation (1.3.)

Arnaud Desjardins : Approches de la méditation
(Editions de La Table Ronde - Paris, 1989)
Extraits et résumés

Table des matières

Première partie : Vue d'ensemble

Chapitre 1 : Concentration et méditation
[1.3. : pages 37 à 44]


(Page 37)

"Ce vers quoi vous allez c'est la conscience pure, infinie, non conditionnée, en deçà, avant qu'apparaissent les catégories du temps, de l'espace et de la causalité. Juste être ce que je suis ! Fondamentalement, essentiellement la méditation est un non-faire, un non-agir, un non-effort. Ceci ne doit jamais être oublié."
[...]

(Page 38)

"Toutes sortes d'éléments impurs de l'ego, plus ou moins conscients, vont s'immiscer dans votre pratique, tels que l'avidité et le désir de réussir. [...]
[Ne réduisez pas votre méditation] à un avoir, un profit : "je réussis, je ne réussis pas..."
[...]
Dans le lâcher-prise, la détente, l'ouverture, une révélation se produira. Elle vous sera donnée comme une grâce. Si vous êtes vraiment silencieux, vous ne cherchez plus, même pas à être libérés, car c'est encore une pensée, encore une idée, encore une conception. La méditation est l'anti-recherche.
[...]
Mettant l'accent non plus sur la présence à soi-même mais sur l'effacement de soi-même, certains bouddhistes ont même employé l'expression de non-être : au-delà même de l'être ne plus être.
[...]
Si "je" disparais, qu'est-ce qui va se révéler ? Si le "je suis" individualisé s'efface, subsiste alors ce qu'on a appelé supraconscience, "nirvikalpa samadhi", "shunyata". "

(Page 39)

"Il faut que cette vérité vous imprègne dès le départ, avec le sentiment qui lui correspond, quels que soient les résultats immédiats ou tardifs que cette clarté de compréhension puisse donner.

Tournez le dos à votre comportement habituel. Votre comportement habituel, il ne peut en être autrement, est fait d'attraction et de répulsion, du "j'aime" et du "je n'aime pas", du "je veux" comme du "je ne veux pas", toujours par rapport à moi ; et c'est ce moi, cette conscience individuelle, dont nous cherchons à être affranchi, que nous cherchons à transcender, pour découvrir la Conscience en elle-même. [...]

La méditation est un effacement, un silence, une ouverture, donc une acceptation, un non-conflit. Ne méditez jamais "contre"...contre votre médiocrité, contre votre sentiment d'infériorité, contre votre non-libération. Né méditez jamais contre quoi que ce soit, même contre les distractions.
Et ne méditez jamais pour, c'est-à-dire un but dans le futur : pour ma libération, pour ma sagesse. Pour implique toujours une dualité : "je ne suis pas sage, je veux être sage ; je veux avoir une grande expérience de samadhi. " Ne méditez ni contre ni pour"
[...]

Juste être. Silence. Et, pour commencer, l'acceptation de ce qui vous apparait comme décevant, non souhaité - mais qui est, ici et maintenant."

(Page 40)

"Autrement dit, le maître mot de la méditation c'est [...] le mot OUI. [Si NON], [...] c'est le mental qui veut dépasser le mental, c'est l'ego qui veut effacer l'ego, autrement dit : une impasse. Il n'y a pas d'effacement qui ne soit pas lié au OUI. Sentez-le. C'est une idée mais c'est aussi un sentiment.
[...]
"J'aspire à ne plus être tout en demeurant vigilant" : voilà le sommet de la méditation. [...]

[Mais pour nous qui ne sommes] ni moine zen dans [notre] monastère ou engagé dans la retraite de trois ans chez les Tibétains, ce n'est pas dans la méditation, pour commencer, que la partie se joue mais dans l'existence. [...] aussi importante, vitale même, que soit [la méditation].
L'essentiel  est dans la vigilance dans l'action, le OUI à ce qui est, la détente, la présence à soi-même, la position de témoin, dans le courant de l'existence. "

(Page 41)

"C'est dans le courant de l'existence que vous allez peu à peu éroder les obstacles à la méditation [...]

Cette rentrée dans le vide ou dans le silence vous deviendra facile parce qu'enfin il est tout de même encore plus naturel de ne pas bouger que de bouger. La position naturelle de l'homme, c'est une posture stable et agréable d'immobilité. A partir de là je peux me gratter le nez si je veux, je peux remuer la main, me lever et marcher. L'essence, c'est l'immobilité à partir de laquelle tous les mouvements sont possibles. De même notre état naturel réside dans ce vide intérieur, ce silence, cette immobilité parfaite de la pensée.
Voilà pourquoi les hindous, là où nous employons le mot surnaturel, emploient, eux, le mot naturel (sahaja). Et cette vérité a imprégné toute la pensée asiatique, y compris le bouddhisme zen : simplement revenir à un état primordial."

(Page 42)

"C'est uniquement pour l'ego que ce vide a quelque chose de surnaturel. Et c'est pour cela aussi que je dis en deça plutôt que au-delà, avant les tensions, avant les contradictions, avant l'opposition du "j'aime" et du "je n'aime pas", avant l'attraction et la répulsion.
[...]
La conscience pure s'insére ensuite dans le monde des formes, l'identification au corps, aux différents koshas ou revêtements du Soi, au jeu de la multiplicité et des conflits dont nous sommes prisonniers.

[...] Ne [...] laissez [pas] se créer en vous deux mondes : le monde divin de la méditation et le monde de "merde" comme on dit, de la vie ordinaire.
[...] Il va falloir dépasser la distinction "méditation-non méditation", moment de méditation au calme et retour à la vie, jusqu'à ce que les deux soient confondus.
La vie entière est alors vécue sur fond de méditation. Et à certains moments c'est ce fond de méditation qui prend le devant de la scène. S'il n'est plus nécessaire de s'exprimer en situation, de parler, d'écouter, de penser, revenez normalement à la source, comme vous revenez normalement à l'immobilité après le mouvement. Normal, naturel, souvenez-vous de ces mots et c'est tout le reste qui est en trop. Lâcher, lâcher prise. Complet relâchement de toutes les tensions physiques, émotionnelles et mentales, [...] comme on relâche un prisonnier. [...]"

(Page 43)

"Il ne faut pas [...] laisser, même subtilement, l'ego récupérer la méditation pour en faire une entreprise située à l'intérieur des limites du mental et qui, par conséquent, ne permet pas de dépasser ces limites.
[...]
Comment le fini pourrait-il avoir l'expérience de l'infini ?
Comment le limité pourrait-il avoir l'expérience de l'illimité ?
Comment le changeant, inséré dans le temps, peut-il avoir l'expérience de l'éternel ?
Comment le physique, le mesurable peut-il avoir l'expérience du métaphysique au-delà de la mesure, au-delà de la matérialité grossière ou subtile ?
C'est une contradiction. La méditation elle-même est une contradiction. Je vais méditer... Alors, "je" subsiste. Et pourtant...
[...]
Ne vous trompez pas ! Vous êtes ce que vous êtes. Il n'y aura pas de miracle. En fait, il y aura un miracle mais ce n'est pas un miracle de pacotille." [...]

(Page 44)


L'ego peut trouver son plaisir dans la méditation. Mais vingt ans après vous n'êtes pas plus avancé. [...]
[Ne laissez pas l'ego méditer]
Semez une graine qui va peut-être germer, commencer à aspirer à cet effacement !

Résumé et extraits d'Approches de la méditation d' Arnaud Desjardins .- Editions de La Table Ronde, Paris, 1989.
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